1999 Itinérance et insertion : Ah Dieu que la guerre est jolie
Tournée itinérante sous le Chapiteau du Centre Dramatique Poitou-Charentes. Cet été 99, au bord du lac, sur la crête du village au fier clocher, dans la prairie en rivage de la Vienne, au fond de la vallée du Salleron ou sur la place bordée d’arbres, nous avons installé notre chapiteau comme dans la tradition, nous nous sommes transformés en monteurs, acteurs et ménestrels, présentant 15 matinées et soirées de créations « Scène ouverte » avec les acteurs locaux et 10 représentations de « Ah Dieu ! que la guerre est jolie ». Claire Lasne-Darcueil alors directrice du Centre Dramatique Poitou-Charentes, intéressée par notre projet va nous faire un merveilleux cadeau. Elle vient de faire construire un magnifique chapiteau destiné à parcourir le Poitou-Charentes, pour servir son projet culturel. C’est l’outil qui permettra à la troupe du Centre Dramatique d’aller à la rencontre du public et de lui faire partager d’exceptionnelles aventures théâtrales. Attentive à notre projet, « Ah Dieu ! Que la guerre est jolie, » conquise, elle nous offre gratuitement ce chapiteau. Nous allons lui faire parcourir sa première itinérance dans les campagnes du Poitou. Je vous invite à imaginer, en consultant le GLOSSAIRE, matériels et fonctionnels de cette itinérance, le vécu des hommes et des femmes de l’événement. ACTEURS CHANTEURS CHORISTES et TECHNICIENS 90 personnes de tous les milieux sociaux et professionnels : Cultivateurs, éleveurs, enseignants du primaire et secondaire, formateur, cadre, vendeur, médecin, assistant médical, scolaire, étudiant, gardien de sécurité, aide-soignant, commerçant, artisan, industriel, retraité, musicien et régisseur son. De tous lieux géographiques : L’Isle Jourdain, Usson du Poitou, Le Vigeant, Millac, Quéaux, Mauprévoir, Joussé, Saint Secondin, Lussac les Châteaux, Gouex, Sillars, Luchapt, Plaisances, Saulgé, Montmorillon, Saint Martin l’Ars, Château Garnier, Adriers, La Rochelle, Poitiers, Vouillé, Saintes, Périgueux, Brives… APAM Association pour l’Aménagement du Montmorillonnais Cette association rassemblant à la fois les élus et acteurs locaux du Sidem est l’organe de réflexion porteur des projets liés au tourisme-Loisirs-Culture-Environnement. Ce projet culturel expérimental repose sur l’opportunité, la disponibilité et l’improvisation. Il n’aurait pu être réalisé sans les actes de don, de prêt, de bénévolat, de bricolage et de « système D ». ATELIER Le dispositif scénique de la création au Théâtre du Prieuré de « Ah Dieu ! que la guerre est jolie » a été réadapté pour une nouvelle mise en scène sous le chapiteau. Pendant les deux mois d’itinérance, un travail de maintenance, entretien, réparation était effectué chaque jour : Sur le matériel son, électronique, lumière et électricité, guirlandes, poursuites et projecteurs. La scène fortement éprouvée par la fréquence des montages et démontages ainsi que par la charge du public était sans arrêt contrôlée et renforcée. Retouche sans arrêt de quelque cent costumes. Surveillance entretiens du chapiteau gradins et toile. AMBIANCE La diversité du statut social et professionnel des hommes et des femmes de cette aventure, l’emploi du temps serré et la rudesse des tâches pendant ces deux mois de vie en communauté ont constitué un microcosme familial révélateur des forces et faiblesses de chacun. Il s’est alors créé un climat de solidarité, d’entraide, de respect des autres et d’amitié. ANIMATION Environ 480 acteurs, chanteurs, choristes, danseurs, musiciens, conteurs, poètes, conférenciers, artisans, pompiers, peintres, costumiers, éclairagistes… amateurs et professionnels, bénévolement, ont participé à créer les 25 soirées et matinées présentées au public. APÉRITIF Si on ne nous l’offrait pas, on se le proposait car nécessaire au moral des troupes, mais aussi moment de détente. Apéritif de la soirée « Première » avec les officiels, moments de présentations et civilités. Apéritif partagé avec les stagiaires en insertion avec les entreprise rencontrées, les élus et organismes de formations et sociaux. Les apéritifs partagés avec les équipes fort sympathiques et efficaces des associations et personnes qui nous accueillaient dans chaque ville. BÉNÉVOLAT 90 acteurs, actrices, choristes, techniciens sur la création de « Ah Dieu ! que la guerre est jolie » Un relai permanent pendant l’itinérance d’une moyenne de douze personnes aidant les acteurs aux montages et démontages. Un atelier de création de costumes d’environ 6 personnes. Une équipe de travail sur la création publicitaire et à la diffusion de la publicité. L’intendance : confection de certains repas sur place ou envoi de repas préparés. Les techniciens son et lumières professionnels restent deux mois dans l’aventure avec l’équipe chapiteau. Environ 410 personnes professionnelles ou amateurs ont assuré bénévolement les autres animations de « scène ouverte » en matinée sous le chapiteau (scolaires, centres de plein air, acteurs, chanteurs, peintres, pompiers, conférenciers, danseurs, musiciens, techniciens, poètes, conteurs, choristes…) Dans chacun des cantons, les municipalités, en intercommunalité ou seules, ont mis à disposition du personnel communal en aide au démontage et montage. Dans chacun des cantons, les Offices de Tourisme ou les Syndicats d’Initiative ont assuré les réservations. L’accueil du public et l’organisation, suivant les lieux, étaient assurés par des associations, des individuels, des élus ou notre équipe. BUDGET Les recettes reposaient seulement sur la diffusion de la pièce « Ah Dieu ! que la guerre est jolie ». L’ensemble des soirées et matinées d’animation « Scène ouverte » était gratuit. CAR (Déplacements) Pendant l’année et les spectacles, chaque intervenant acteur, technicien et aide a assuré son déplacement. Un service de transport collectif a été mis en place seulement pour les soirées de représentations. CARAVANE 6 caravanes suivaient les déplacements du chapiteau, elles servaient exclusivement de couchage (720 nuitées). CHAPITEAU Il appartient au Centre Dramatique Poitou-Charentes ? Tout neuf, 390 places. Rare et vrai chapiteau de Théâtre avec coursive et noir total intérieur. Il est stocké dans deux semi-remorques avec ses gradins et tout le matériel technique nécessaire au montage et démontage. Un pont circulaire lumière de 12.00 m de diamètre est hissé à 3.00m de haut. 80 pieux à enfoncer 1 journée de démontage, pliage et rangement (25 personnes environ). 2 journées de montage (1 journée grosse structure, 1 journée pont lumière, portes, entourage, sécurité et coursives). Le chapiteau du Centre dramatique Poitou-Charentes inaugurait là sa première saison d’itinérance que je vais partager dans des aventures exceptionnelles jusqu’en 2006 sillonnant les villes et villages de la région Poitou-Charentes. A chaque étape, ce chapiteau sera monté par les comédiens et les gens du village, comme ici filmé en 2007 par Colin Peguillan lors du montage du chapiteau du Centre Dramatique Poitou-Charentes aux Couronneries.href= »http://vimeo.com/66382249″>http://vimeo.com/66382249 CENTRE DRAMATIQUE POITOU-CHARENTES (Propriétaire du Chapiteau) Jugeant que le projet d’animation du SIDEM ‘La place du théâtre parmi les gens » entrait dans le cadre de ses missions, le CDPC a mis son chapiteau à disposition gratuitement pendant 2 mois dans le Sud Vienne. Une convention de mise à disposition gratuite a alors été rédigée. Denis Arlot et Joël Perrin étaient présents et responsables de ce dispositif. La Vidéo du montage du Chapiteau à Béthines est à la fin de ce glossaire. COSTUMES ET ACCESSOIRES 100 costumes ont été confectionnés. Des accessoires ont été créés, reconstitués (fusils, lustres, drapeaux, canons, casques…) Hélène Mourasse et Chantal David ont créé, géré tout le dispositif de création et de confection, aidées d’une moyenne de 6 personnes. CHANT CHORAL Monique Gaillard avait assuré l’apprentissage et les répétitions des chants. Le rôle pendant les spectacles en itinérance de direction du chant fut assuré par moi-même en plus de la mise en scène. Cette démarche m’a demandé de la rigueur, et donné beaucoup de stresse ! DEBAUCHE PIERRE A signé l’adaptation française de la pièce de l’auteur anglais Charles Chilton. DÉCOR (Scènes) Le décor est un plateau de 12 m de diamètre constitué de fermettes, de panneaux démontables et amovibles. Le temps de montage était très long, les panneaux très lourds. Cette scène, lieu d’embuscades et d’embûches pour les comédiens qui évoluaient dessus en grand nombre souvent avec rapidité, fut le théâtre de chutes, glissades et incidents heureusement sans gravité. ÉCLAIRAGES La création lumière a été réalisée par Jean Philippe Villaret, assisté de sylvère Bartoux et Edouard Lejeune. Toute une équipe (hommes et femmes) assistaient ce travail de montage, démontage, réglage variant chaque jour. ÉQUIPE sous contrat de travail : Jean Marie Sillard : Responsable de l’ensemble du projet. Joël Perrin, Denis Arlot représentant du CDPC et responsables techniques. Sylvère Bartoux, Yann Saint Sernin, François Périssat, Jean Vivion et Jean Philippe Villaret. Thomas Sillard : Son. Francis Félix Blanchard : Musicien. Equipe bénévole présente en permanence : Un groupe de jeunes et d’adultes se relayaient ponctuellement : Pierre Jean Rivault, Thomas Sillard, Emmanuel et Pierrette Rodriguez, olivier Mourasse, Nathaly et Manu Rouby, Claire et Lise Vivion, Nicole Bourdeau, Carole Remondière, Michele Henault, Elizabeth et Rodolphe Sillard, Emilie Blanchard, Elisabeth Bourdin, Aude Leroy, Christine Flagollet, Nadia Bernard, Jessica Guillon, Marie Hélène Pailler, Christian Lejeune, Alexandre Augereau, Rodolphe Moinet, Laurent Didier, Nicolas Rodier, Michel Penot, Marc De Brito, Dominique Lachaume, Françoise Duquesnoy, Jean Mary Lusson, Angélique xxxxx, Marie xxxxx, FONCTIONNEMENT Aucune règle établie ne régissait le fonctionnement général . Chacun naturellement a assuré le rôle, la responsabilité, la tâche qui l’intéressait avec le souci de travailler en équipe. FUMIGÈNE Dans les spectacles, les fumigènes partaient de machines à fumées dissimulées sous la scène (avec un liquide spécial) La régie lumière déclenchait ces effets aux besoin. MICHEL GESLIN Conseiller Technique et Pédagogique auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports sur la pratique théâtrale, Michel Geslin est venu animer quelques ateliers Sa compétence et son expérience professionnelle très efficaces, ont apporté beaucoup au travail d’acteurs. HISTOIRE Le titre provocateur de la pièce « Ah Dieu ! que la guerre est jolie » a suscité des réactions de scepticisme avant sa présentation au public. Cette représentation au public a effacé ces méfiances, déclenchant des témoignages et dialogues bouleversant. (Un titre, article de presse : « Les conteurs de guerre » L’année Clémenceau commémorée le 11 novembre 99 en Vendée sollicitait notre équipe pour y représenter ce spectacle. Le manque de disponibilité d’un grand nombre d’acteurs du projet ont rendu ce projet irréalisable. INTENDANCE La logistique nécessaire au fonctionnement de ce projet itinérant n’avait pas été mesurée précisément. Rien de prévu (assiettes, verres, récipients, gazinières, abri, cuisine et repas, frigo, couchage supplémentaire, confection des repas… ) Au jour le jour par l’apport de chacun, tout s’est organisé. L’inconfort et la promiscuité ont été bien vécus du fait de l’esprit régnant. Il aurait pu en être autrement ! JEUNES Bénévoles, les jeunes étaient dominants en nombre sur ce projet. Tout en s’amusant, ils étaient assidus, courageux jusqu’à l’épuisement, assurant du matin au soir. KABBALE (cabale) Je puis vous assurer que, contrairement au théâtre de Molière, nous n’avons pas eu cet honneur (si elle a existée, légitimons le manque de confiance, de communication, le désintérêt ou la suspicion). LOCATION Location de matériels de lumière, son, semi-remorque caravanes. Puis, de nombreux prêts de caravanes et de matériels. MUSIQUE Francis Félix Blanchard musicien, assurait l’accompagnement musical en direct sur son clavier, ainsi que le déclenchement des effets sonores. NUITÉE Environ 720 nuitées réparties dans 6 caravanes et sur la piste centrale du chapiteau (lit géant improvisé) ORGANISATION DES SOIRÉES Les animations des soirées « Scène Ouverte » avec les acteurs locaux étaient, soit : Préparées, travaillées en collaboration avec JM Sillard les mois précédents. Préparées ou improvisées avec JMS sur place au dernier moment. Généralement tous les spectacles préparés en amont, étaient de qualité et ont créé des moments d’échange, forts et intéressants. PAIO Permanence d’accueil d’information et d’orientation au sein du SIDEM. Dans le cadre de sa mission ‘Construire ensemble une place pour les jeunes » elle a mis en place avec JM Sillard une action d’insertion « Itinérance pour un parcours professionnel » (Voir STAGE) Le suivi et accompagnement par la PAIO de ce projet furent fort appréciés. PERRIN JOÊL »Jojo » Régisseur, responsable du montage du chapiteau et de la tenue de sa structure. Bien au delà JOJO » a dépassé sa mission pour être entièrement au service de ce projet. Il nous a accompagnés nuit et jour. Sa simplicité, sa qualité humaine et relationnelle nous a fait unanimement l’apprécier. PUBLIC Environ 6800 personnes ont fréquenté le chapiteau au cours des 27 matinées et soirées offertes au public. PUBLICITÉ Affiches moyennes et géantes, prospectus, programmes, bus de Poitiers, vitrine du CIJ de Poitiers, publications communales, cantonales et régionales, Dépliants touristiques, banderoles dans villes et villages, radios locales, télévision FR3 direct, 46 articles de presse. QUALITÉ L’enjeu était de présenter au public une création théâtrale originale de qualité. L’enjeu était de mettre le chapiteau et sa technique professionnelle au service des pratiques amateurs. L’enjeu était de mélanger et se faire côtoyer amateurs et professionnels dans les diverses disciplines artistiques. Il n’y a jamais eu de critère de sélection, l’important était de participer, la qualité pouvait simplement être dans la valeur de l’échange. REPAS 1740 repas et 760 petits déjeuners environ ont été pris sur place en plein air. Si 370 repas ont été confectionnés dans des foyers ou restaurants, les autres ont été préparés par nous-même sur place ou offerts. Il faut ajouter à ces repas ceux des stagiaires présents aux montages et démontages. RÉUNIONS En préparation du projet, JM Sillard a rencontré individuellement chacun des élus des 47 communes des cantons concernés. Il a provoqué 22 réunions d’organisation avec l’ensemble des organisateurs de terrains. RÉPÉTITIONS En février 99, c’était la reprise des répétitions du spectacle de « Ah Dieu ! que la guerre est jolie » Le dispositif scénique adapté au chapiteau était installé dans un immense bâtiment, une nouvelle mise en scène se créait avec les 90 comédiens. STAGE « Itinérance, itinéraire pour un parcours professionnel » Cette action a été préparée et mise en action par Jean Pierre Mornet et JM Sillard. Elle a accueilli pendant 6 mois 11 personnes en recherche d’emploi (7 jeunes et 3 adultes). Autour de la création théâtrale, des animations culturelles, de l’itinérance, chaque stagiaire a trouvé à s’impliquer. Concernant l’expérience vécue pendant 2 mois d’itinérance, nous pouvons dire qu’elle a réussi totalement. Le comportement exemplaire des stagiaires, leur motivation et la communication avec l’ensemble du groupe et du public rencontré, ont créé des moments d’une grande richesse. De plus la fraternité laissera le meilleur souvenir qui soit, pour nous et pour chacun d’eux. Ils ont dans un même temps travaillé avec sérieux, sur leur projet professionnel, accompagnés pour cela de l’AFPA, Alizé et le CPL de Lathus. SITES Lieux d’accueil L’Isle Jourdain (4 semaines) Le chapiteau semble s’être niché dans un creuset au bord du lac de Chardes, à proximité de l’espace nautique. Il est un peu isolé de la vie du village, mais l’endroit est paisible et sans nuisances de bruits. Availles Limouzine (1 semaine), Le chapiteau s’intègre bien dans la belle prairie entre la salle polyvalente et l’espace camping plage. Il est bien placé par rapport au village et à l’animation. La Trimouille (1 semaine), Le chapiteau se pose comme d’antan sur la place du village bordée d’arbres. Les promeneurs osent contourner le chapiteau, la vie s’installe autour . Mazerolles (1 semaine) Dans la belle prairie dominant le village au fier clocher, le chapiteau s’impose. La proximité de la salle polyvalente, la vue sur la vallée et le village en font un cadre idéal. Béthines (1 semaine). Il est posé là, au fond de la vallée, au bord du ruisseau. C’est une provocation champêtre, pour l’artiste, le rêveur, le fêtard. SON 24 enceintes de diffusion et 12 micros ont constitué le matériel son. Thomas Sillard professionnel a assuré la création son et l’accompagnement dans ces 2 mois d’itinérance. SPECTACLES En plus des représentations de « Ah Dieu ! que la guerre est jolie », chacun des lieux a offert des matinées et soirées « Scène Ouverte » originales au public : Spectacles de scolaires, Théâtre de Moussac, Chorale de Moussac, d’Adriers, Musique, Poésies, Orchestres, Hommage à Nino Ferrer, Théâtre insertion du Trèfle « Lapin, mapin », Concert saxo orgue, Concert rock, Création Rahman, Théâtre de Mauprévoir, Création théâtrale de « Trafalg’Art » « La servante aimante », Théâtre avec Chantal Cochin, Démonstration des pompiers, Peinture sur soie, Présentation d’écrits, Rencontre avec les jeunes des MJC, et les ados, Danse flamenco, Danse classique, Danse contemporaine, Accordéoniste, Chanteurs, Chanteuses, Concert Soirée Bretonne Groupe « Hastan », théâtre les « Maillanbus » « Treize à table », Création soirée poésies, « Femme-femme-femme » histoire de la présentation des communes et cantons par des individuels ou sous forme de spectacles originaux. SECURITÉ SURVEILLANCE Le chapiteau était surveillé nuit et jour, les entrées étant sans arrêt filtrées. THÉÂTRE « Ah Dieu ! que la guerre est jolie » La règle du jeu était d’investir dans un rôle sur ce projet toutes les personnes intéressées et disponibles. JM Sillard a adapté le texte en conséquence du pari tenu. 26 actrices jouaient 57 rôles 21 acteurs jouaient 62 rôles 20 choristes Environ 26 personnes ont travaillé à l’encadrement technique Plus de 100 costumes Durée de la pièce, 3 heures. VOYAGE Il n’est pas facile de se raser dans un verre d’eau, d’avoir un dressing dans une caravane surchargée, de faire la cuisine et la vaisselle de 15 à 25 personnes sur 1 rond de gaz ou dans une bassine, d’utiliser la nature comme lieux d’aisances… Expérience imprévue… Quel beau voyage. Sortant de nos caravanes ou du chapiteau, les cheveux en bataille, mal rasé, mal fringué, la peau cuivrée par le soleil ou salie de sueur ou de boue, nous avons quelquefois été pris pour des gens du voyage… (peut-être voleurs de poules ! normal.) WC, bains Pour 25 personnes permanentes, 90 acteurs ponctuellement, et un public variant autour de quelques 400 personnes, la nécessité de sanitaires confortables et propres n’est pas toujours évidente aujourd’hui encore ! Les efforts rudimentaires pris en compte dans ce domaine ont été fort appréciés. X, INCONNUE Question : A-t-on le droit d’accepter et accompagner un projet avec des X ? Un projet culturel le serait-il sans X ? YIN et YANG Dans la philosophie chinoise, ces deux forces s’opposent, complémentaires, la vie/ la mort, le plaisir / la douleur, la joie / la tristesse… leurs jeux mutuels comme processus de l’univers… ZEN Leitmotiv d’une équipe qui n’avait pas les choix et moyens de travailler par roulement horaire. Elle devait faire face à un planning serré de jour et de nuit, avec bon entrain et faisant face aux contraintes, tout en étant, « top physiquement et moralement ». Nous étions un groupe de comédiens insolites, mais dans la tradition du théâtre populaire. Des gens du pays, de tous âges, à la recherche d’un temps fort, exceptionnel, au dessus du quotidien. Pour cela, nous essayons de nous identifier à l’histoire pour servir la mémoire de « Ceux de 14 » comme disait Maurice Genevoix. Lorsque le rideau se lève, nous sommes porteurs d’un message : rappeler l’héroïsme… De ce fait, nous avons retrouvé les crinolines et les moletières de nos trisaïeux ainsi que leurs chansons… ces chants venus du fond de notre mémoire vivante : « Les roses de Picardie », « Le temps des cerises », « Le Bois Le Prêtre », « La chanson de Craonne »… Notre émotion sur scène, plus que notre pantomine d’acteurs, traduit le lien charnel qui nous lie encore à cette « tragique épopée »Photos : Jean-Jacques Godfroid – Michel Mourasse
Mon itinérance sous le chapiteau aurait due s’arrêter ici sur l’aventure de « Ah Dieu que la Guerre est Jolie » en campagne Poitevine ! C’était sans compter sur le hasard heureux qui me faisait croiser le chemin de Claire Lasne et Laurent Darcueil du Centre Dramatique Poitou-Charentes.PREMIÈRE PARTIE
Cet été là…
Nous étions jeunes et beaux et nous partions en cette campagne comme larrons en foire, raconter cette histoire et quelle histoire!
Celle de nos anciens qui avaient fait cette guerre atroce et sanglante, pour qui? pour quoi?
Quelqu’un à dit: « La guerre est faite de gens qui s’entretuent sans se connaitre au profi de gens qui se connaissent mais ne s’entretuent pas »…
Nous endossions sur nos frêles épaules les capotes des piou pious, sur nos têtes les calots des tommys, à nos jambes les bandes molletières ou les bottes des soldats allemands, combattants du jour et « frères » de guerre la nuit, à célébrer Noël ensemble, même à faire une partie de foot sous « Madame la Lune »… Pendant ce temps là nos mères, nos femmes, nos soeurs pleuraient notre absence ou se révoltaient en décrétant « la grève des femmes » tandis que des Nivelle et autres généraux assassins nous enfonçaient nos têtes dans la boue et les poux des tranchées…
Nous avons été ces Pierrots fous fauchés, à peine sortis de l’enfance, leur jeunesse volée, piétinée, écharpée, mise sous silence…
Au-delà de ce spectacle qui nous avait tous réunis, des plus jeunes (une sacrée bande!) aux plus anciens, nous avons vécu lors de cette tournée sous le grand chapiteau rouge, merveilleux navire, ce qui restera pour moi, le plus bel été que j’ai jamais eu à vivre!
Quel bonheur de partir tout cet été dans cette belle aventure Jean-Marie! Le convoi se portait bien, les caravanes étaient resplendissantes car c’était notre voyage et c’était à chaque fois de nouvelles rencontres, dans chaque lieu, avec à chaque fois le plaisir de venir partager notre aventure avec des publics différents: bref ce fut un panard formidable du haut de mes 17 printemps et, je peux le dire, cet été là a changé beaucoup de choses pour moi! Les caravanes qui étaient censées nous servir pour nos nuits de saltimbanques se sont vite trouvées bien étroites tant notre chapiteau nous accueillait de toute sa bienveillance et de sa chaleur; nous nous retrouvions donc souvent à finir nos nuits, nos folles nuits, sous sa grande couverture à prolonger nos rêves… Je me souviens la joie de nos convois, tous les uns derrière les autres, puis nos arrivées fières et heureuses dans les nouveaux villages. Parfois il est arrivé que notre joie fut légèrement refroidie par quelques personnages dont la file de caravanes inspirait curieux présage mais il en fallait bien plus pour émousser l’élan que ce voyage nous donnait!Nous étions les rois du monde et rien ne pouvait arrêter notre fougue!!!
Des souvenirs plein les yeux, plein la tête et plein le coeur… Chouette itinérance… L’Isle Jourdain, Availles-Limouzine (une chasse au Daïu mémorable fut célébrée dans la vallée de la Vienne, qui reste à jamais dans nos mémoires!) La Trimouille, Mazerolles (où le chapiteau avait trouvé place sur un terrain en pente qui nous faisait un peu impression mais l’ami JoJo a tout de suite su trouver la parade) et pour finir Béthines (au bord du Saleron sur lequel nous avons fait quelques voyages épiques en barque en compagnie de Pierre-Jean…)
Je me souviens des derniers jours; démontages, rangements… et plus particulièrement de ce jour où avec Silvère nous sommes allés à Limoges redonner le matériel lumière que nous avions loué: j’avais une peur en rentrant, c’était celle d’arriver et de ne plus voir le chapiteau, mais ouf! Lorsque nous sommes arrivés de cette excursion haute en couleurs : le chapiteau était encore là, ces deux mâts coiffés de drapeaux jaunes, sa toile gonflée éclatante, histoire de nous dire : »ben voyons les gars, vous croyez tout de même pas que je serais partis avant que nous nous soyons dit au-revoir! »… Merci copain, merci camarade de nous avoir accueilli, protégé et embarqué dans ta grande machine à rêves et j’espère que tu continues encore à ce jour à embarquer tout plein de gens et que tu leurs permets toujours de faire briller leurs yeux, battre leur coeur, de leur mettre toutes ces étoiles dans la tête, de celles qui ne s’arrêteront jamais plus d’éclairer nos pensées les plus heureuses!
Merci Jean-Marie; ça a été mon plus bel été!
Merci monsieur sillard pour cette belle video du montage ou j ai pu voir mon mari julien braud depuis le temps que j entends parler de cette aventure je suis heureuse et emue de voir des images merci pour ces souvenirs julien est ravi bonne continuation pauline braud robuchon
Merci à vous Pauline, la maman des deux petites filles de Julien de votre « merci », mais, cette trace vidéo vous appartient tout autant qu’à moi. Cette année là Julien faisait sa guerre avec nous autour du chapiteau. Avec nos différences, chacun y gagnait son propre combat, et de commun nous partageons encore aujourd’hui, un même souvenir heureux et indélébile.