1991 L’Odyssée
“Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage” C’est au Théâtre de Verdure que va accoster ce héros achéen mythique. Le rêve olympien va devenir réalité.
Et maintenant ! Avec Georges Rodier, un jour d’été des “Sept péchés Capitaux” nous allions à la Direction Régionale de la Culture à Poitiers. Dans la rue, je me souviens… Georges Rodier me demande :
“Alors Jean Marie quel projet avez-vous pour l’après “Sept Péchés Capitaux ? “
J’attendais cette question depuis quelque temps ! . Je n’osais lui en parler ! Une songerie, rêverie qui devenait obsessionnel dans ce théâtre à l’antique, me faisait oser imaginer y jouer ”l’Odyssée” ! Ce projet me semblait gigantesque, démesuré et quelque .peu présomptueux ! Je redoutais de lui évoquer ce dessein, même si je me prenais à rêver une adaptation !. C’était ne pas bien connaître Georges Rodier !
… Quelle surprise ! lorsqu’il me répond abasourdi et enthousiaste “Jean Marie, c’est mon livre de chevet, je connais la version Grecque de Homère par cœur ! “ Voilà c’était Georges Rodier ! Il va pendant des mois et des mois conjuguer son savoir et engouement pour écrire et nous adapter, transcrire sa version théâtrale de “L’Odyssée”…
Pour moi et Georges Rodier, cette Odyssée-là ne sera donc pas seulement une étape supplémentaire et fortuite dans le fabuleux voyage du héros achéen mais une rencontre privilégiée et symbolique entre une œuvre et un site.
Un site qui rappelle justement le théâtre antique par les gradins de sa “cavéa” adossée à une ancienne carrière et son ”orchestra” au ras du lac, enclos en un écrin de verdure et de pierre.
Un lieu prédestiné semble-t-il pour que s’y déroulent en plein air, comme jadis, dans la sérénité et le silence nocturne, les grands, les éternels débats sur les errances et les vicissitudes humaines.
Comme le veut la tradition, c’est lors d’une grande réunion publique à la salle des fêtes de L’Isle Jourdain que nous exposons ce projet. Avec toute son érudition, sa délicatesse et son enthousiasme, devant un très nombreux public, Georges Rodier nous conte l’Odyssée, il captive l’intérêt des publics et des médias présents.
A partir de ce moment, la lourde machine théâtrale se met en marche, les équipes logistique, artistique et technique se constituent.
L’ Odyssée, “pari fou” qualifieront certains, “mégalomanie” diront d’autres !
C’est une autre gageure ! et il me fallait une fois de plus être bien hardi, gonflé et présomptueux pour oser faire de cette épopée, “Chef d’œuvre de la littérature Universelle”, une aventure théâtrale avec des amateurs.
Avec Georges Rodier, notre objectif est de faire que chaque comédien avec sa sensibilité perçoive le sens et la valeur de cette épopée initiatique. Nous voulons les émerveiller de sa démarche et plus encore, faire du spectateur le complice de son admiration et de ses découvertes…
L’atelier théâtre se poursuit, j’ébauche la mise en scène par des esquisses, des croquis, des maquettes du dispositif décor et d’un “storyboard.” Pour moi, le storyboard est la représentation illustrée, dessinées de la mise en scène, des situations des personnages et du jeu. J’ai appris il y a longtemps à le faire pour chaque création, il m’oblige à me projeter avec pragmatisme, dès les premières lectures afin de matérialiser le réalisme de certaines idées, transmettre et communiquer plus concrètement avec les comédiens et les techniques du spectacle.
Georges Rodier et son “Odyssée”
Il y a trois ans explique-t-il, “…j’ai effectivement été horrifié lorsque Jean Marie Sillard m’a demandé de faire “ Tristan et Iseult”, mais on ne peut pas lui refuser ! En ce qui concerne “L’Odyssée” j’ai pour Homère une admiration, un culte depuis plus de 50 ans. Quand j’enseignais l’histoire grecque, j’avais au programme la civilisation homérique et, pour moi, Ulysse et Pénélope sont des images qu’il faut absolument garder. En fait, c’est depuis quelques temps seulement que j’éprouve quelques craintes, quelques angoisses. Depuis que j’ai entendu des spécialistes dire que l’adaptation de “L’Odyssée” nécessitait la collaboration d’un fin poète et d’un helléniste averti. Or, je suis tout seul”.
Certes il est seul à avoir signé cette adaptation. Mais “fin poète” et “helléniste averti” sont deux qualités que l’on retrouve indiscutablement dans cette transcription où il a su prendre le loisir, sans rien ternir de la beauté de l’œuvre, de supprimer la partie “voyage de Télémaque” et de replacer les aventures d’Ulysse de façon plus linéaire, dans l’ordre chronologique, en douze tableaux. “Cependant, précise-t-il, j’ai tenu à laisser l’importance qu’ont les Dieux dans cette aventure merveilleuse en restituant un prologue, 5 tableaux, un intermède, 7 tableaux et un court épilogue”
“L’Odyssée est l’ancêtre du théâtre grec”, nous expliquait le professeur Rodier, “à l’origine psalmodié et dit à une seule voix. Aujourd’hui, c’est une œuvre qui s’inscrit dans la continuité littéraire et artistique. Le théâtre de verdure, en plein air comme le théâtre grec original, les gradins, la crique et le lac de Chardes devraient constituer ici, à L’Isle Jourdain, autant d’éléments actualisant cette aventure, les rapprochant de nous, les rendant aussi accessibles à un large public… Il était indispensable de réduire le volume du poème (plus de 12 000 vers). Pour l’écriture enfin, des vers ont été préférés à la prose, parce qu’ils peuvent mieux, a-t-il semblé, exprimer la musicalité, l’harmonie, les rythmes, la variété du langage Homérique.” Parti a donc été pris par Georges Rodier, d’expurger, de simplifier l’action en un profil plus linéaire, de braquer le projecteur sur le personnage essentiel qu’est Ulysse
“L’Odyssée est sans doute, par les indications qu’elle donne sur les vents, les orientations, les dangers encourus, un recueil d’instructions nautique. Elle est une sorte de répertoire ésotérique de formules et de recettes magiques, un rituel initiatique aussi. Elle est un hymne au courage, à l’invention, à l’infinie curiosité de l’homme, aux pionniers des découvertes et de la prospection en Méditerranée occidentale qui permirent l’ouverture des voies maritimes nouvelles et la mise en valeur de terres vierges. “
Le voyage d’Ulysse se fait en douze étapes. Toutes les ressources naturelles du Théâtre sont utilisées et il faut que les décors géants, s’intègrent parfaitement dans le paysage.
Georges Rodier: “Cet espace scénique, par ses dégagements, sa profondeur, sa topographie, l’harmonie de ses masses, ses proportions ses couleurs, son environnement sylvestre et lacustre, peut accueillir avec somptuosité ce que l’on pourrait appeler le théâtre total, celui qui allie, confond tous les arts : celui de l’écriture, traduit par la parole qui peut prendre ici une résonance particulière ; celui de peindre qui a à intégrer dans le cadre naturel ou à en faire surgir les décors appropriés ; celui de la lumière qui doit unir ou contraster la violence et la discrétion, jouer du clair obscur dans le frémissement du feuillage ; celui du scénographe et du metteur en scène qui peuvent utiliser les volumes offerts ou construits, concevoir mouvements et regroupements suivant les praticables proposés par le site ou suggérés par eux ; art du musicien qui accompagne le verbe, le souligne ou traduit ce qu’il est incapable de rendre, exprime l’ineffable, enfin ; art du costumier, créateur de figures colorées, interprétation des personnages conçus par l’auteur et qui vivent, se détachent ou s’intègrent dans un ensemble vivant et changeant au fil des représentations.”
Georges Rodier nous trace le chemin et ce sont 200 personnages costumés, comédiens et danseurs qui entrent en scène encadrés par une équipe de professionnels enthousiastes, désormais rodés et soudés. Michel Geslin m’assiste au travail d’acteur.
C’est à Dominique Rudnik que je demande d’incarner ce sacré pari d’être “heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage”. Dominique anime avec talent depuis très longtemps la troupe de Romagne avec laquelle, il réalise encore aujourd’hui de très beaux projets. C’est avec confiance et générosité qu’il a abordé cette œuvre jouée en vers… il en était à la fois encouragé et effrayé. Il a interprété ce mythe d’héroïsme avec force, présence, caractère et dignité. Cette rencontre dans ses moindres détails est marquée de souvenirs indissolubles avec aussi, Véronique, Mady, Annette, Édith, Marie-Odile, Guillemette… dans les personnages de Calypso, Circé, Athéné, Héra, Nausicaa… et Thomas, Jean-Hubert, François, Alain, Jean-Marie, Raphaël, Jean-Pierre, Claude… dans les personnages de Hermès, Poséidon, Polyphème, Eurylochos, Télémaque, Mélanthos, Agamemnon, Philétos… et des dizaines d’autres !
François Guilbard, assisté de Claudie Nivet, prend en charge la chorégraphie, Félix Blanchard la musique, Bernard Galodé la lumière et Hervé Rigaud, le son. Autant de professionnalisme qui contribuent à redonner vie à Ulysse et à faire oublier le temps d’une représentation, que nous sommes sur les rives de la Vienne.
Gustave Boistard assisté de Christine Pacher avec Anne-Marie Diguerher, Chantal David et Hélène Mourasse créent les costumes, . Pas moins de 200 personnages à costumer ! on ne doute de rien ! pendant des mois les couturières armées d’une dizaine de machines à coudre coursent contre la montre, des documents historiques traînent sur toutes les tables débordantes de matières: du cuir, des ficelles, des tissus, de la laine, de la soie, des bijoux… bric à brac géant et coloré qu’animent des gens passionnés et talentueux. Que de belles héroïnes à costumer, allant de Pénélope resplendissante en rouge et pourpre, Circé en robe moulante à volants. Ulysse notre célèbre voyageur a besoin d’une tenue par étape, de roi à voyageur, mendiant, naufragé… 14 costumes… habiller chacun sur mesure n’est pas une mince affaire..
Dans la cour, une jeune équipe s’active tout autant, pour réaliser des accessoires nécessaires à la pièce, les armures, les boucliers, les cuirasses, mais aussi les amphores; les vases, et les coupes. Tout est en résine, avec un souci du détail étonnant. Rien n’est laissé au hasard pour faire de l’Odyssée un grand spectacle vivant.
Un énorme chantier commence dans l’espace scénique. Par une goulotte installée, de 80 de mètres de longueur, accrochée et dévalant la roche, nous descendons une quarantaine de mètres cubes de sable pour créer la plage où Nausicaa découvre Ulysse naufragé. En stuc bois et plâtre nous construisons une crique rocheuse figurant la grotte du monstre Polyphème.
Nous structurons sur le lac un plateau immergé au loin, là où surgira furieux et menaçant Poséidon et les sirènes. En fond de scène une autre jetée construite semble avancer à l’infini. Du fond du lac, un praticable émergé fait arriver comme sortant des eaux Tirésias qui arrive au royaume des morts… Le bateau d’Ulysse est aménagé pour recevoir tous ses compagnons, navigateurs, c’est un élément essentiel au voyage. . Accrochés discrètement par des harnais , Poséidon et Zeus apparaissent à mi-hauteur de la falaise rocheuse. Zeus se déplace aussi dans l’espace sur des câbles tendus, de la falaise aux arbres, rejoignant Hermès le messager qui par le même subterfuge, vole d’arbres en arbres allant même jusqu’à descendre à la verticale tête en bas.
Tout cette mise en scène est très physique, elle s’essaie, s’exerce, s’expérimente non sans incidents… Sécurisé par un descendeur, Thomas la tête en bas fait une descente vertigineuse, heureusement il n’a pas de mal…
Il faut une grande discipline et beaucoup de répétitions pour accorder les six bateliers, régler et manœuvrer avec précision les scènes avec les compagnons d’Ulysse dans la tempête. Elles mettent tout l’équipage à l’épreuve, la barque d’Ulysse doit tanguer à l’extrême limite du naufrage, cet exercice provoque le mal de mer, des peurs et cris plus vrais que nature !… j’ai appris plus tard que certains ne savaient pas nager !
Poséidon doit faire une soixantaine de mètres sous-l’eau pour jaillir à la seconde précise sur la scène immergée dans une colère explosive et orageuse traduite par un ballet dansé avec des naïades surgissant de l’eau dans une explosion de son et de lumières. Jean-Hubert assume cette performance Homérique chaque soir avec maestria.
Une anecdote: Ce soir de première, Je suis Zeus dans l’Odyssée, suspendu au dessus de la scène à quelques mètres de hauteur, sur les fils amarrés d’arbres à rochers, face à Thomas qui joue Hermès, j’ai un trou… Heureusement Hermès, fin comédien me souffle ma tirade dans une subtile question -réponse !… décidément, je ne suis pas un comédien fiable !
Nous avançons à l’unisson dans cette entreprise, semée d’embûches, souvent pénible, parfois jouissive. Les périples d’Ulysse, désireux de regagner Ithaque et de retrouver Pénélope et Télémaque, ne sont pas de tout repos, mais nous nous sentons portés, chaperonnés par les Dieux et le destin…
Un samedi de mai, nous arpentons, Georges Rodier, et moi, le site du Théâtre de Verdure avec Gille Beucher journaliste qui vient faire un reportage. A deux mois du spectacle, nous sommes pleins d’enthousiasme, d’exaltation et de vigueur. Nous passons une belle journée ensemble, Georges Rodier explique avec passion à Gille Beucher son engouement pour le site, pour cette aventure et pour son écriture. Nous ne pouvions imaginer une seconde que cette promenade en un lieu si criant de vie serait la dernière pour Georges Rodier. Trois jours après cette rencontre, il nous quittait subitement.
Georges Rodier: Je venais de perdre mon mentor, mon sage conseiller, mon guide, il avait jeté tout son savoir et sa fougue au service de mes projets il y avait consacré généreusement plusieurs années.
Le spectacle continue
Juillet 1991. Le monde merveilleux de la civilisation Homérique s’ouvre aux spectateurs, les acteurs ont le plaisir de vivre l’espace d’une saison un moment émotionnel en hommage à Georges Rodier, pour sa dernière œuvre gigantesque, émotion qui flotte chaque soir au-dessus du Théâtre de Verdure.
La pièce:
Tandis que le ciel s’habille des couleurs de la nuit, le public descend le petit sentier qui l’emmène sur les rives du lac de Chardes. cadre prestigieux, lieu enchanteur. Il est déjà dans l’ambiance:
Ce terrain couvert d’une forêt sombre où paissent des chèvres sans nombre. Polyphème s’abrite la nuit dans la grotte ici même. Sur l’eau ”, Ballottés par la mer par des vents tournoyants”, “ Colère de Poséidon émergeant des eaux, Zeus sortant de la falaise, et Hermès le messager portant les messages d’arbres en roches… Nombreux sont les exemples du rapport étroit qui lie l’histoire de l’Odyssée et les décors dans lesquels elle se déroule. Ce n’est pas une tragédie avec unité de temps et de lieu. Il y a une grande mobilité au sein des éléments et c’est sur ce site que sont recréées ces ambiances, ces atmosphères.
Lumières changement de lieu au sein même du théâtre de verdure et musique composée “sur mesure” constituent les éléments de pénétration nécessaires au public pour partager les cris de Polyphème, ou les chants des sirènes et de Circé la magicienne. Vous oubliez tout. Vous vous appelez maintenant Zeus Athénée, Hermès Hélios… Vous êtes au pays des Dieux qui vous content les aventures d’Ulysse roi d’Ithaque.
Le soleil rougeoyant se couche sur l’Ogygie pays de Calypso, et le bateau qui accoste en face est celui d’Ulysse et de ses compagnons revenant de la guerre de Troie.
Adossés à la paroi granitique surchauffée du théâtre de verdure creusé dans une anse de la Vienne, les spectateurs peuvent suivre deux heures durant, les multiples péripéties de ce retour buissonnier du roi d’Ithaque. Un roi auréolé par la réussite de son stratagème du cheval de Troie et qui est
visiblement partagé entre la hâte de retrouver Pénélope et les tentations du guerrier au repos. C’est ainsi que, séduit par le chant des sirènes, il s’abandonne tour à tour à l’envoûtement de Calypso, à la sensualité de Circé et apprécie à sa juste mesure le charme juvénile de la vierge Nausicaa.
Mais ce chemin du retour est jalonné d’appels vers “d’imaginaires
ailleurs bleus” . Vous craignez les enfers où Ulysse consulte les morts, et son chemin est également semé d’embûches : nos héros en goguette tombent notamment dans l’antre du Cyclope qui en dévore quelques-uns et pâtissent à plusieurs reprises des accès de mauvaise humeur d’Éole qui fracasse leur esquif sur les rochers. Ne survit en définitive que le roi Ulysse et vous êtes soulagés quand Ulysse parvient à se venger de ses prétendants et trouve enfin le repos avec sa fidèle Pénélope.
4000 spectateurs de la Région et d’ailleurs découvrent une œuvre à travers la sensibilité et les failles de notre groupe d’amateurs et de professionnels qui vit une sublime aventure, l
L’ombre de Georges Rodier plane sur cette scène du théâtre de verdure, son absence et sa présence à la fois, donnent au spectacle, chaque soir, une émotion supplémentaire. Mais tout chrétien qu’il est, il est spectateur privilégié depuis un ciel qui reste clair et d’où il retrouve les Dieux de l’antiquité. De “cet autre part…” qu’il évoque dans “Tristan et Iseult”
Georges Rodier, dans l’épilogue nous dit en conclusion:
“Ulysse a remis de l’ordre dans son domaine,
Des troupeaux; au milieu de gens simples il mène,
Près de sa femme, une vie frugale et champêtre,
Vide d’imprévu, lisse, un peu plate peut-être.
Finies les aventures, taries les surprises,
Les rencontres, les tentatrices convoitises
Sur son roc, inéluctablement insulaire…
Souvent jusqu’à la côte, il descend solitaire,
Les yeux perdus au loin, il songe… A quoi ?… A qui ?…”
Les aventures d’Ulysse me confirment que la recherche du bonheur est une longue et difficultueuse conquête qui ne va pas de soi. Le bonheur se gagne et se mérite et il ne peut pas exister sans référence au malheur ou, pour le moins, à des épreuves, écueils, coups du sort, obstacles. Je trouve ici l’illustration de ce qu’est la vie de chacun, nous sommes tous des héros qui mûrissent, grandissent et progressent pendant des éprouvantes, tonifiantes et bonifiantes pérégrinations ou Odyssées de la vie. C’est le parcours initiatique de chacun.
Cette année 1992, m’évoque de puissants souvenirs et, “L’Odyssée” obtient la reconnaissance unanime d’un grand travail de création théâtral, consacrant l’énergie et le talent de toute une équipe. Ce succès n’aura pourtant pas été la fête escomptée, avec la disparition de Georges Rodier, qui restera irremplaçable pour moi et pour la troupe.
Dorénavant, là où mon travail me mènera, je ne saurai me départir de sa présence. Il faut donc aborder la saison 1992 avec un autre regard; un regard certes amputé de la sensibilité du grand adaptateur, mais qui oblige à explorer la nouveauté.
Mes influences
Mon éducation est stricte, mes relations sont très diverses, mes influences sont heureuses des fortes et des riches personnes rencontrées, ma famille est politiquement éclectique, des conflits exacerbés et permanents la divisent. Spectateur de ces influences, j’ai très vite, pris du recul et curieux j’ai beaucoup observé, essayant de comprendre avec objectivité, le pourquoi de ces désaccords. Apprendre et respecter les opinions des uns ou des autres, c’est ce qui m’a poussé à analyser les agissements humains dans l’Histoire, la Vie, la Création… en cela, le théâtre est l’outil par excellence, il permet de créer d’oser, de parler, de crier…
« Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui, où que ce soit dans le monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire. Ernesto Che Guevara
La passion va avoir ses raisons une nouvelle fois ! Avec l’Association “L’Isle était une fois”, nous nous étions promis de monter un gros projet une année sur deux. Après le méga-spectacle de ” l’Odyssée” l’an dernier, on imaginait que 1992 verrait naître une création de moins grande envergure. C’était sans compter sur notre motivation.
Photos : Michel Geslin – Jean-Jacques Godfroid – Michel Mourasse
J’ai fortement éprouvé le besoin de réaliser en dépit de sa qualité, ce montage vidéo afin de partager avec vous la trace filmée, collectée de-ci de-là… j’avais besoin de comprendre ce que nous avons vécus, retourner sur la « trace » témoignage, des joueurs et des participants… Trace, survivance de l’éphémère instant où tout ne serait qu’un rêve s’il n’était préservé par l’écriture et l’image qui ont la chance de rester vraies aujourd’hui encore et toujours…
J’ADORE MILLE MERCIS JEAN MARIE
A TRES VITE
BISOUS
CLAUIDE
Merci aussi Claudie, je veux bien croire, que tu adores, comme moi, cette idée d’évoquer la page de l’Odyssée et ton implication dansée où tu t’es mouillée au sens propre comme au figuré. Chacun son vécu !, je ne peux pas décrire vos moments de travail, de répétition et de représentation avec François qui vous ont menés dans ce voyage abyssal : de l’antre du Cyclope, à chez Circé la magicienne, au royaume des morts, à l’île de Sirènes, à la cour des Péaciens… J’imagine tout de même la jubilation des naïades (même dans l’eau froide !) du lac, frolatan, dansant autour du si séduisant Dieu Poséidon !!! Aussi : Avis à mes si belles et séduisantes danseuses, ( J’aimerai bien ici, avec le temps il y a prescription), lire quelques uns de vos souvenirs ou anecdotes qui restent de votre performance.
une anecdote Jean Marie de cette aventure où mon implication fut plus forte en ce qui concerne la Danse aux cotés de François .
Sur un porté magnifique où mon partenaire me faisait virevolter pour me retrouver suspendue dans ses bras la tête en bas…le pauvre avait tellement peur de me lâcher qu’il me serrait très très fort eh oui mais voilà un soir de représentation après mon envolée il ne m’a pas lâché oh que non me serrant tellement fort que j’ai senti un gros craquement au niveau du thorax …….cotes flottantes cassées!!!!!!!
Nous avons continué et tous les soirs de représentation je me serrais le thorax dans un énorme strapping il a fallu reprendre mon costume ayant perdu ma ligne de « Déesse »…
J’ai eu mal pendant 4 mois mais quel souvenir.
Mon partenaire s’appelait Raphael!!!!Je l’embrasse bien fort.
Quant aux bains dans les bras de Poséidon souvenir ému de la vase qui glissait insidieusement entre les doigts de pied..
Mais demain tu me dis on recommence je REPARS!!!!
Gros bisous.
Bravo pour ce site Jean Marie.
Claudie
J’avais 13 ans quand je suis venue voir l’Odyssée, avec papa.
Je me souviens d’une ambiance onirique mêlant mots, musiques, lumières et énergies sincères. Je pensais « quelle chance ont ces acteurs de jouer sous les étoiles, dans de si belles conditions! »…
Sous les étoiles, en effet, nous jouions les dieux sur des fils tendus dans l’espace, Ulysse sur son bateau dans la tempête, les naïades dans les eaux du lac, les moutons dans les grottes rocheuses, hermès descendant des arbres et le royaume des morts surgissant des flots…
Merci Claudie, j’avais oublié, cette anecdote me revient, elle illustre bien l’engagement profond que chacun avait, nous ne faisions pas semblant ! Avec le recul, ces scènes où, suspendus dans l’espace, les roches et les arbres étaient remplies de risques, de plus la nuit nous étions éblouis de la lumière des projecteurs et nous disparaissions souvent, courant dans l’obscurité des allées boisées. Nous n’avons pas eu d’accident majeur. Les règles de sécurité aujourd’hui, nous empêtreraient je pense dans bien des interdits…
L’Odyssée tout simplement magique expérience inoubliable entre projecteurs de la scène et les chemins obscurs des sous-bois où nous courrions à perdre haleine pour resurgir en pleine lumière toujours l’envie de faire bien de faire mieux…..
Comme je reviendrais en arrière avec autant de délectation de plaisir comme une drogue qui vous enivre.
Ce blog me permet de revivre ces moments avec tellement de plaisir.
Merci merci Jean Marie.
BON on RECOMMENCE QUAND?????
BISES.
Claudie.
Chronique d’un recommencement !
« Chiche » Claudie pour le recommencement …
Mais, il va y avoir du boulot ! Imagine le travail de Restauration à mettre en œuvre auprès de (presque) chacun de nous !!! C’est vrai que figés pour l’éternité, de là-haut, l’Auteur Georges Rodier, Bernard Gallodé l’Éclairagiste, Anne-Marie Diguerher la Costumière, Jean Marie Rogeon, Marie Gilbert les Comédiens, Michel Mourasse… nous accompagnent de leurs regards compatissants… nous, pauvres mortels qui de l’autorisation parentale, quelque 20 ans plus tard, doivent se munir soit d’un certificat conjugal, thérapeutique, nuptial, homoparental, osthéopathique, marital, clinical, matrimonial, médicinal, extraconjugal, légitimal, médical, chiropratical, … ou peut-être même de grand parental… … destinés à qui de droit… aux danseuses-danseurs et autres… Et, que sont-ils devenus ? Françoise Saimond, Bénédicte Rivault, Virginie Sabourin, Marina Gransagne, Isabelle Gourmelon, Valérie Echapasse, Laurence Daviaud, Cécile Pittino, Guillemette Riffaud, Catherine Colombeau, Marie-Laure David, Emmanuelle Riffaud, sandra et Marina Chauvet, Hélène Gransagne, Isabelle Merlière, Raphaël Renaud, Thomas Sillard, Frédéric Melon, Matthieu Huot, Stéphane et Emmanuel Regeon, Pierre-Emmanuel Descamps, Michaël Roux…
Obligatoirement, François Guilbard décroche ses chaussons, Gustave Boistard, Chantal David, Hélène Mourasse reprennent leur dés à coudre, Félix Blanchard est à sa re-Composition, Hervé Rigaud assisté de Xavier Lardy met en Écho la voix des Dieux, David Bourguignon ancien leader de la mythique Mano Négra, batteur de Manu Chao depuis 15 ans reprend son poste d’assistant Éclairagiste et de Régisseur, sans oublier Michel Geslin qui de son talent ramène toujours au plus juste et précis les cinquante Comédiens avec mon aide portée auprès de tous les autres acteurs des coulisses, comme Guy Conrad, Jean-Jacques Godfroid, Michel Montoux, Jean-Claude Perrin, Jacques Boutin, Hubert Bussac, Dominique Picard, Pierre Jammet etc… du spectacle, qui raccrochent du collier… Je suis un peu dans la brume… ! Ah oui ! c’est toi qui la première a parlé de drogue !!!
eh bien CHICHE!!!!!!!
Beaucoup de boulot mais pour tous ceux figés dans l’éternité et qui ont tant donné….
Moi déjà dit prete.
Complètement Droguée devenue Addiction …..
Bises.
Claudie
« Je me dis et pense que nous avons ici, tous construit ensemble notre « Oeuvre », comme le peintre réalise son tableau ou le sculpteur fait naître sa sculpture. Notre regard comme sur un tableau ou sur une sculpture doit se poser fièrement et se nourrir de notre souvenir bien plus indestructible lui que de n’importe quelle oeuvre. l
le SOUVENIR MAGIQUE !!!!!! et s’embellit en prenant de l’age!!!!!!!
08ep85