2006 Itinérance sous Chapiteau « Le P’tit Bal Perdu » | Jean marie sillard journal d'animations et de créations théatrales de 1987 à 2020

2006 Itinérance sous Chapiteau « Le P’tit Bal Perdu »

9 mars 2014

au « PRINTEMPS CHAPITEAU » du Centre Dramatique Poitou-Charentes avec l’ensemble instrumental Ars Nova de Poitiers. C’est un chantier de création ouvert aux comédiens, musiciens, chanteurs et danseurs amateurs de la Région Poitou-Charentes.

Depuis 1999, la rencontre avec les habitants du territoire est la raison profonde de la présence de l’équipe artistique et technique du « Printemps Chapiteau ».

Cette année 2006, en rupture avec les scènes ouvertes qui sur chaque territoire rassemblent et engagent un maximum d’acteurs locaux sur une soirée événementielle, c’est un chantier de création qui est proposé aux artistes amateurs.

La différence avec la scène ouverte est d’investir sur une vrai création artistique des artistes amateurs encadrés de professionnels, moi-même pour les textes, le travail d’acteurs et la mise en scène. Les musiciens de ARS NOVA : Gilles Tressos, Benoît Weeger, Marc Brochet pour la création et l’accompagnement musical,

Isa Lagarde pour la direction des chants ainsi qu’avec accompagnement des techniques son, Thomas Sillard et Lumière William Lambert.

« Le P’tit Bal perdu » se veut être une comédie de la vie, rythmée et ponctuée de danses et de chants, de l’après-guerre au début des années soixante.

Ce sujet « secoueur de mémoire », doit être un vrai outil de création théâtrale populaire ? Bâtir une belle histoire humaine avec des artistes amateurs, les guider sur une forme théâtrale peu commune, partager avec le public l‘émotion artistique, tels sont les objectifs de notre projet avec les musiciens d’Ars Nova, les techniciens et comédiens du CDPC.

Ars Nova : Marc Brochet, Gilles Tressos et benoît Weeger seront les musiciens encadrant et participant au spectacle avec les musiciens amateurs des territoires.

Les groupes chorale et les solistes seront encadrés par Isa Lagarde qui participe également au spectacle comme comédienne.

La régie lumière est assurée par William Lambert et la régie son par Thomas Sillard.

A Romagne dans la Vienne, à Sainte Éanne dans les Deux-Sèvres et à Semussac en Charente maritime tout a commencé par des réunions d’information et de présentation du projet artistique au public.

Des équipes artistiques sont mises en place localement elles sont constituées des ateliers théâtres pour les comédiens amateurs engagés, des groupes de musiciens qui composent en chaque lieu un orchestre, de danseurs qui apprennent toutes les danses du bal populaire de ces années là et des chanteurs solistes et groupes chorals. Globalement ce chantier s’anime de quelques 130 personnes venant de tout le territoire Poitou-Charentes.

Ce travail s’est échelonné sur six mois, il était intense, gratifiant et une belle équipe enthousiaste s’est constituée sur chaque département.

J’avais sollicité en acceptant de mettre en œuvre ce projet la participation des comédiens du CDPC. Je souhaitais leur engagement partiel mais effectif dans ce spectacle soit par une intrusion avec un texte, dans une danse ou en présence seulement… afin de mettre du concret dans le lien, que je voulais renforcer, amateurs-professionnels. Claire Lasne seule a répondu affectivement avec son talent. Cela n’a pu exister avec les autres comédiens ! Les raisons ne m’en ont pas été données.

Ce spectacle là fut un moment unique que j’aime à souligner il a introduit dans sa belle histoire Claire Lasne-Darcueil comédienne. Avec les musiciens de « Ars Nova », Benoît Weeger, Marc Brochet, Gilles Tressos et Isa Lagarde Elle improvisa dans cette fiction, un personnage fort, d’un énigmatisme troublant, fondu avec distance et retenue, humilité et justesse… Merci Claire ta participation contenait à elle seule toute l’attention, l’écoute, la générosité, le regard que le professionnel devrait avoir constamment sur l’amateur !

Nous manquions de place pour les représentations alors, les répétitions générales étaient aussi ouvertes au public. C’est un fort souvenir pour chacun des participants. Ce fut un succès public. Succès, oui ! mais… Je dirais que le chemin d’une vie est comme un labyrinthe dans lequel, lorsque enfin, on croit être dans la bonne direction, on arrive dans une impasse…

C’est au moment où je mène mes amateurs à toucher du doigt le milieu professionnel, dans une création où ceux-ci sont impliqués, l’approche rêvée de ma vie artistique, le pourquoi de mon engagement auprès du CDPC… c’est à ce moment là que tout s’arrête pour moi.

Je précise que c’est seulement Jean Marie Sillard, militant de la culture populaire, engoncé dans son « utopisme » et ses rêves qui se retrouve de longs mois après cette aventure à attendre l’appel téléphonique qui lui proposera en vain, le chantier suivant…

Le téléphone est resté muet, moi aussi…

Sans que je le sache, le mot « FIN » de sept années d’aventures théâtrales avec le CDPC s’était inscrit avec « Le P’tit Bal » perdu…

Nul n’est irremplaçable… Je suis blessé, mais pour les nombreux protagonistes amateurs qui sont restés mes amis et qui sont en demande, c’est cela l’essentiel, je suis content que ces aventures continuent autrement avec le CDPC et son outils magique le Chapiteau.

Mon rôle et mon positionnement au CDPC de 1999 à 2006 m’a mis en relation complètement privilégiée avec les acteurs du territoire de cette aventure. J’étais généralement sur le terrain 6 mois avant l’événement. Je l’annonçais, suscitais l’intérêt, la curiosité et l’envie de participer au plus grand nombre. Je préparais en même temps « La Scène Ouverte » ce spectacle destiné aux acteurs pour la plupart amateurs des territoires.

Ma rencontre avec chacun de ces acteurs locaux, les élus, les responsables associatifs, les scolaires, les animateurs, ou les organismes sociaux fut très riche d’échanges et de rencontres. Il ne pouvait en être autrement, des élus qui en invitant ce projet sur leur territoire, chaque année étaient eux-mêmes fortement investis, engagés et persuadés de l’intérêt de la culture et d’un tel projet… C’était de précieux et réels partenaires de terrains. Nos relations privilégiées étaient alimentées d’échanges et des retours beaucoup plus positifs que négatifs de notre travail sur leur territoire. En cela je faisais le lien et devenais la « pièce rapporteuse », rien de polémique dans cette situation nécessaire pour la faire avancer, améliorer et perdurer, conscient et cependant parfois incompris de jouer là, « le troublion »… entre ces deux mondes sur le fil tenu et tendu des amateurs et des professionnels.

En grand nombre les amateurs, s’attiraient un public chaque fois plus nombreux.

Les comédiens et l’équipe artistique du CDPC avaient pendant les longs mois précédents travaillé les spectacles et animations de l’événementiel annoncé. Ils pénétraient avec leur talent et générosité le territoire sur une semaine seulement programmée. Paradoxalement ils avaient presque toujours à aller chercher le public qui alors était plus dilué, cette démarche était vécue, comme incompréhensible et injustifiée ! Que faire, que dire !… Je n’ai pas réussi à concilier, allier, harmoniser, réunir ces deux mondes qui d’année en année, même avec les plus généreuses et belles intentions et expériences, quelles qu’elles soient, trouvent toujours leurs limites…

« Un artiste est avant tout un explorateur. » Quelle plus belle excursion dans l’Éducation Populaire ai-je faites toutes ces années là… avec les Professionnels accompagnant les Amateurs dans leur spontanéité et leur naturel, les uns et les autres se dépensant sans compter et faisant des kilomètres pour venir répéter sans se soucier de l’heure, des repas et du reste juste avec au fond des tripes, l’amour de cet art magnifique. Je dois pleinement ces moments d’exploration à la Claire Lasne-Darcueil spontanée, enjouée de croire à sa propre folie et de rêver encore et encore que cela « était » possible !

Photos Spectacle Sainte Éannes (Deux Sèvres)

~~Photos de Philippe Le Besconte~~